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Art ? l'orninateur
| Jeffrey Shaw, The Legible City, 1989-1990 :

      [TITRE]
      en collaboration avec DIRK GROENEVELD
      The Legible City (Manhattan et Amsterdam), 1989-1990, installation interactive d'images de synthèse tridimensionnelles implémentée sur ordinateur, bicyclette. Création dans cette version.
      Matériel de création et de diffusion : Ordinateur Silicon Graphics IRIS 4D/25TG, ordinateur PC, vidéoprojecteur Sony. Logiciel : Gideon May.

      Sur un principe de simulation de déplacement, le spectateur est invité à parcourir, en pédalant et en orientant le guidon d'une bicyclette, une ville virtuelle dont les rues sont bordées de lettres en volume formant des mots et des phrases. Cette vision s'affiche, calculée en temps réel par un puissant ordinateur graphique, sur un grand écran placé face à lui. Les phrases renvoient à la réalité des villes évoquées, le centre de Manhattan et la vieille ville d'Amsterdam. Pour New York, ce sont huit textes, monologues de personnalités liées à la ville. Pour Amsterdam, ce sont des chroniques historiques de la cité. Alors que pour Manhattan les lettres-immeubles sont uniformes, la typographie de la ville lisible d'Amsterdam reprend avec précision le profil et la tonalité des bâtiments réels.

      Tout en reconnaissant le haut niveau de la peinture et de la sculpture, il ne faut pas confondre l'identité de ces médias avec l'identité et la pratique réelles de l'art. L'art est une lourde mécanique de discours qui peut se servir de n'importe quel médium et s'y incarner. L'activité de la science comme de l'art a toujours été l'interprétation et la re-création de la réalité. C'est un exercice de l'imagination humaine que de créer des réalités virtuelles qui contiennent des structures expérimentales de sens. De la sorte, le monde se révèle lui-même à la lumière de ces fictions que nous projetons à sa surface. L'homme occidental a inventé un monde matérialiste qui est devenu un objet idolâtrique hors de l'esprit. L'art, avant Malevitch, a aidé à construire cet espace objectif; l'art, après Malevitch, se débat pour sa déconstruction. L'efficacité de la simulation avec les nouvelles technologies offre à l'artiste un nouveau médium radical pour poursuivre cette évolution. Les réalités virtuelles générées par l'ordinateur sont un nouvel espace de fiction convaincant où les frontières cartésiennes disparaissent dans ce que Duchamp nomme l'infra-mince.

      Né à Melbourne en 1944. Études d'architecture à l'Université de Melbourne et de sculpture à l'Académie Brera de Milan. Diplômé de la St Martins School of Art de Londres. Vit et travaille depuis 1970 à Amsterdam. 1966-1969 : performances multimédia et installations-environnements; 1967-1975 : sculptures gonflables interactives, installations et performances. 1974-1979 : travaux audiovisuels utilisant la photo, le film, la vidéo multi-écrans. 1979-1989 : commandes de sculptures électroniques pour des bâtiments publics. Depuis 1981 : installations et sculptures interactives - images de synthèse, audio-vidéo, vidéodisque - dont The Narrative Landscape avec Dirk Groeneveld, Siggraph, 1985; Festival des Arts Électroniques,1986, Rennes; Videosculptur Retrospecktiv und Aktuell 1963-1989, Cologne, Berlin, 1989; Inventer la terre, cité des Sciences et de l'Industrie, Paris, 1986; Heavens Gate, avec la musique de Harry de Wit, Image and Sound Festival, 1988, La Haye; An Imaginary Museum of Revolutions, avec Tjebbe van Tijen, Inventer 89, La Villette, Paris, 1988. Il a présenté The Legible City, avec Dirk Groeneveld, au Bonnefanten Museum, Maastricht, 1988; à ARTEC, Nagoya, 1989; au Siggraph, 1989; à Ars Electronica, 1989 et 1990, Linz.