| Artifices 3 | 5 novembre-4 décembre 1994 | Mise en mémoire, accès à la mémoire |

| Installations |

ArtificesArt ? l'orninateur
| Maurice Benayoun, Dieu est-il plat ?, 1994 :

      oeuvre
      Maurice Benayoun, Dieu est-il plat ?, 1994, création pour Artifices 3, installation de réalité virtuelle.
      Images de synthèse interactives, ordinateur Onyx RE2 SGI et/ou Crimson RE SGI, souris, lunettes stéréoscopiques à cristaux liquides, lit, table, chaise.
      Production : Z.A Production, avec le soutien de la délégation aux Arts plastiques (FIACRE).
      Remerciements : IRISA projet SIAMES, Silicon Graphics Europe.

      Retiré du monde dans une cellule monacale, le spectateur poursuit sa quête obstinée de l'image de (des) Dieu(x). Équipé de lunettes stéréoscopiques, il avance dans un univers de briques. Les murs devant lui se creusent au gré de son déplacement. Lorsqu'il décide de changer de direction, il définit un nouveau couloir. Ainsi se construit un espace architecturé, déterminé par la déambulation du spectateur. Chaque nouveau couloir lui révèle des représentations de Dieu puisées dans l'histoire de l'art des différentes cultures. Selon la qualité de l'approche du visiteur, selon le rythme de son parcours, ces représentations éminemment planes viennent vers lui, grandissent ou s'éloignent.

      En creusant les murs qui semblent borner son horizon, le visiteur de Dieu est-il plat ? met en uvre deux processus : la mise à jour de ce qui est enfoui dans la mémoire collective de l'humanité (ces vestiges de l'image que se font les hommes de leur créateur) et la construction d'un savoir cumulatif qui part de la démarche du collectionneur (engranger le plus d'images possible), passe par une approche plus attentive (contemplative ou analytique), pour finir par perdre son objet : à trop s'approcher, seule la matérialité visuelle de la représentation persiste (la trame, le pixel). La restoration (to restore signifie en anglais relire des données informatiques mises en mémoire) des images révélées par le percement des couloirs, en ramenant à la mémoire des représentations cachées, relève de la fouille iconologique. Sa mise en uvre persévérante relève du parcours initiatique. Cette révélation déplace son objet (Dieu) réduit à son image (homme) pour en épuiser la matérialité (pixel). Elle se ramène au recensement désespéré des représentations, effets de surface de la mémoire.

      Né en 1957 à Mascara. Agrégé d'arts plastiques, il enseigne à l'UFR d'Arts plastiques de l'Université Paris 1 et collabore au Centre de recherche et d'étude sur le cinéma et les arts audiovisuels et au Centre de recherche sur l'image. Auteur de vidéos et de films sur l'art, il participe en 1987 à la création de Z.A Production à Paris, où il effectue des recherches en image de synthèse et assure la direction artistique des effets spéciaux pour plusieurs longs métrages et réalisations pour la télévision. Auteur de la série Quarxs, films en images de synthèse de haute définition diffusés en 1994 sur Canal+, il a obtenu des prix dans les festivals Ars Electronica à Linz, Imagina à Monte-Carlo, Siggraph aux États-Unis. Il a été lauréat de la Villa Médicis Hors les Murs pour AME (Après Musée Explorable), projet d'une collection d'uvres conçues pour la réalité virtuelle.