| Artifices 3 | 5 novembre-4 décembre 1994 | Mise en mémoire, accès à la mémoire |

| Installations |

ArtificesArt ? l'orninateur
| Cécile Le Prado, Vocatifs, 1994 :

      oeuvre
      Cécile Le Prado, Vocatifs, 1994, création pour Artifices 3, installation interactive sonore.
      Un ordinateur Macintosh II CI, un ordinateur PC, six capteurs infrarouges, sept haut-parleurs, deux lecteurs de CD, liste imprimée, pupitre, sons numérisés, analysés, resynthétisés et traités, programme sonore sous Max (IRCAM) et Sysdiff (CIDMA).
      Voix : Duska Micic, Emir Srkalovic (Association Sarajevo).
      Conseil scientifique : Marie-Hélène Serra.
      Production : CIDMA, Clameurs, IRCAM, Observatoire de l'image et avec l'aide d'Artifices 3.
      Remerciements : Olivier de Vincentis (UNHCR), Xavier Chabot, Laurent Ghys, Olivier Wrusfel, Laurent Pottier, Rodolphe Bailly.

      Le point de départ est une liste venant d'une banque de données de noms d'enfants disparus en ex-Yougoslavie, constituée par une société américaine (ADS) à la demande du Haut Commissariat pour les réfugiés (l'UNHCR).

      Vocatifs est un travail d'après la lecture à haute voix en serbo-croate de certains de ces noms et prénoms. Ces voix sont l'unique matériau de courtes compositions musicales qui sont autant de déclinaisons et de variations autour des processus d'échantillonnage, de segmentation, de classement et de transformation allant jusqu'à rendre les voix non reconnaissables.

      À l'entrée de l'installation, la présence des visiteurs est détectée par un capteur infrarouge et des fragments sonores de la liste non transformés ponctuent les différents passages. Dans la chambre, les déplacements des visiteurs, captés par d'autres dispositifs infrarouges, influent sur les paramètres de spatialisation, le choix des séquences composées, l'intensité des sons, leur vitesse, la direction de leurs dépla-cements ainsi que leur réverbération. L'installation, qui propose une confrontation uniquement sonore, insiste ainsi sur l'idée de délocalisation, de mouvement, de perte de repère spatial.

      Ces informations ont été collectées auprès des enfants, de leurs familles ou des organismes d'accueil afin de les nommer et si possible de donner des renseignements sur leur vie avant la guerre. La banque servira ainsi à identifier les disparus, mais aussi à reconstituer des pans de leur mémoire. La liste des noms et des prénoms choisis est, dès son enregistrement, échantillonnée puis mise en mémoire. À tout moment de la création en studio, les différentes étapes de transformation des matériaux sonores sont disponibles et modifiables. Avant l'installation, une sorte de canevas est établi, selon lequel une configuration particulière d'informations reçues par les capteurs déclenche une séquence sonore et une spatialisation particulières.

      Ces données dues aux déplacements des visiteurs sont compilées, mises en mémoire et agissent en temps légèrement différé. La pièce met en jeu la répétition, la persistance, ce qui reste incrusté après l'écoute et revient plus tard à l'esprit.

      Née en 1956 à Saint-Nazaire. Elle a étudié la composition musicale électro-acoustique au Conser-vatoire de Nantes. Elle vit et travaille à Paris. Depuis 1986, elle conçoit des installations exclusivement sonores pour des sites particuliers. Les rencontres avec le GRM et l'IRCAM lui ont fait intégrer les outils d'informatique musicale, tant pour la conception en studio que pour la mise en espace des installations. Elle collabore avec des chorégraphes et des réalisateurs de vidéo et de cinéma. Elle a participé aux expositions : Sites choisis, Niort, 1991; Ars technica, Paris, 1992, puis Turin, 1993; Paris Ville Lumière, Espace Electra, Paris, 1993; Différentes natures, Paris, 1993, puis Barcelone, 1994.