| Artifices 4 | du 6 novembre au 5 décembre 1996 | Salle de la Légion d'Honneur, Saint-Denis |

L'auditorium: Conférences sur l'art des réseaux: "La parole aux artistes d'Internet"


      Jeudi 21 novembre 1996

      "Internet, art", Julia Scher (États-Unis), Benjamin Weil (France, États-Unis)

      Présentation et modération: Maren Köpp


Benjamin Weil:

äda 'web est un site sur Internet
où l'on invite des artistes à développer des projets qui sont spécifiques pour le média. On est parti du principe qu'il y avait une révolution médiatique qui était en train de se produire. On en a conclu que ce qui serait intéressant, plutôt que de suivre une trajectoire qui consisterait à utiliser ce média comme un moyen de transmettre de l'information pure, c'est-à-dire de ne l'utiliser que comme un catalogue, ce serait de vraiment travailler avec ce média et sur ses particularités avec des artistes. On a commencé ce projet, début 1995. L'idée, c'était de construire une toile de sites plutôt qu'un site sur la toile. Des artistes avaient déjà commencé à travailler avec ce média; mais l'idée d'avoir un site spécifique, ou plutôt un contexte spécifique pour montrer des projets d'artistes pouvait être intéressante. En fait, au fur et à mesure que ça se développe, ça devient de plus en plus justifié dans la mesure où la quantité d'informations qui est disponible sur la toile devient tellement ingérable, que si des choses sont regroupées et un vrai contexte établi, il devient quand même plus simple de trouver ces choses.

La dernière fois que Julia et moi avons présenté, elle son travail et moi äda 'web, il y a eu pas mal de gens qui m'ont objecté le fait d'avoir un site "curated": pour eux, le web était un média ouvert, et il n'était donc pas nécessaire de mettre en place une structure qui ne leur semblait n'être qu'une prise d'autorité intempestive, qui en plus répliquait les structures institutionnelles, comme les musées, les galeries, etc... Il est bien évident que si la fonction de äda 'web se limite a étalir une autorité qui régirait la distribution et la production de projets artistiques sur le web, ce serait vraiment dommage. Mais je pense au contraire que ce principe de regroupement ne peut que donner une voix plus importante à des projets de qualité. Et le dialogue entre ces projets, qui peut découler de leur rapprochement thématique me semble aussi être quelque chose de positif.

Le web est ouvert, et mon intention n'est certainement pas de remettre en question cette ouverture, qui constitue une des richesse les plus grandes de ce nouveau média. äda 'web est une porte vers des projets d'artistes autant que le site est producteur de projets. D'ailleurs, on fonctionne aussi en tant que distributeur et pas seulement en tant que producteur. On propose aussi de montrer des projets d'artistes qu'on n'a pas produits nous-mêmes et on produit aussi des projets qui ne sont pas montrés sur le site. On travaille en ce moment sur un projet qui sera montré le 1er décembre pour la journée mondiale contre le SIDA avec General Idea et ce projet sera montré en miroir sur le site du MOMA, puisque c'est avec eux qu'on le coproduit.

La question qu'on peut se poser, c'est pourquoi on utiliserait Internet pour produire des projets artistiques. Ma réponse est que c'est un média qui a une force incroyable, qui va prendre une place très intéressante dans le futur, qui l'a déjà démontré, et que ça me parait intéressant d'associer des artistes à l'idée de définir ce média, d'essayer de définir comment il va fonctionner, comment il va évoluer, comment il peut être défini par des gens qui ont un regard, qui ont une façon de penser, et qui ont une forme de distance par rapport à la réalité, qui va éventuellement leur permettre d'avoir un rapport plus critique à ce média.

D'autre part, on pensait aussi que ce serait intéressant d'associer les visiteurs, les personnes qui sont intéressées d'avoir une expérience avec l'art d'une façon différente. En fait, ce média le permet de façon assez incroyable. J'ai entendu souvent des gens dire : je ne peux pas entrer dans une galerie parce que je n'y connais rien et je ne me sens pas bien. Là, c'est une expérience qui est dans un espace public, mais c'est en même temps une expérience privée. Personne n'a le contrôle, il n'y a pas le regard de quelqu'un qui peut déranger le regardeur, et il y a ainsi une expérience qui est peut-être plus directe. D'autre part, il y a une forme de participation qui demande un engagement plus grand. En plus, par rapport à l'idée de faire de l'art sur le réseau, je pense que c'est la première fois qu'il y a vraiment une opportunité pour les artistes de se lancer, d'utiliser un média, pas de communication de masse, mais un média qui va avoir ce type d'importance comme la télé, comme la presse, etc.

Aujourd'hui, les artistes qui produisent sur et pour le web sont logés à la même enseigne que tout le monde. Personne n'est en avance sur personne, pour le moment. Peut-être qu'il y a beaucoup d'entreprises qui dépensent beaucoup d'argent pour essayer de mettre en place des structures. Je pense à Microsoft, et le Network de Microsoft, ou Time Warner (Pathfinder), qui sont des énormes sites qui donnent beaucoup de contenus, mais qui ne sont pas très intéressants au niveau de la forme et qui n'innovent pas tellement, alors que les artistes ont cette capacité, cette possibilité d'être au centre du débat. Et avec cette distance, dont je parlais tout à l'heure et qui leur permet peut-être de regarder les choses de manière un peu différente et de proposer des solutions et des formes de réflexion différentes.

Quand on a commencé, le premier projet qu'on a lancé, était un projet avec Jenny Holzer (. La raison pour laquelle on a commencé avec Jenny, puis avec Lawrence Weiner , et continuer avec Vito Acconci (la date en ligne n'est pas encore disponible), c'est parce qu'on a pensé que c'était très important d'essayer d'établir une espèce de lignage historique. Et ce lignage historique qui dérive d'une pratique de l'art plus conceptuel, pas vraiment intéressée par l'idée de la forme, sauf quand elle est en adéquation avec le contenu, allait probablement permettre d'avoir un regard beaucoup plus souple sur ce média que celui d'artistes plus attachés à une forme, dirons-nous. À partir de là, cela permettra de proposer à des artistes de la génération actuelle, qui ont commencé à travailler dans les années quatre vingt, quatre vingt dix, de s'associer à ce lignage historique. De plus, les artistes en question, sont des artistes qui ont fait beaucoup d'expériences avec la vidéo, la télé. Ils ont essayé parfois d'insérer leur discours dans un média plus large, de s'adresser à une audience plus large et ça aussi, c'est une chose importante. La plupart du temps, les artistes avec lesquels on a travaillé jusqu'à maintenant, sont très intéressés de s'adresser à un public plus large que le public qu'ils pourraient toucher, s'ils ne travaillaient que dans les lieux institutionnels comme les galeries et les musées.


La façon dont on travaille, c'est un peu comme un atelier de gravure. C'est une bonne comparaison : on met à la disposition des artistes avec lesquels on décide de travailler, toute une structure technique, technologique, avec des programmeurs, des designers, qui permet aux artistes de garder leurs idées, et de construire leurs projets, à partir des dialogues qu'ils entretiennent avec ces différentes personnes. Les artistes n'ont pas vraiment besoin de concentrer leur attention sur la technologie pure. Il y a, à mon sens, un danger quand des artistes se concentrent trop sur la technique, car c'est une technique de plus en plus sophistiquée, de plus en plus compliquée. Il faut être tout le temps au courant des évolutions, des nouveaux développements, des nouvelles possibilités, et ça veut dire énormément de temps à y consacrer, en fait du temps qu'ils ne prendraient pas pour réfléchir et pour avoir cette distance dont je parlais tout à l'heure. J'avais une façon de décrire cela, en partant de l'idée de metteur en scène. On est devenu des metteurs en réseau, alors ce n'est pas tout à fait juste, parce qu'on ne travaille pas comme des metteurs en scène, puisque ce sont les artistes qui sont au centre de notre travail, mais il y a cette espèce d'idée de travail en commun, de collaboration, qui est à mon sens très importante. À la base, on était parti pour construire un site web et on est arrivé à la conclusion que notre façon de travailler nous entraînait plus à travailler en réseau, éventuellement à distribuer des projets qu'on n'avait pas produit, à produire des projets pour d'autres sites et bien sûr à produire ses propres projets et à les distribuer nous-mêmes.

Je vais vous montrer quelques projets: la page d'accueil d'äda 'web, avec les possibilités d'accès aux différents projets. En haut l'index s'affiche tout de suite. L'image est une carte du site; sous cette carte, sont mis en avant les projets les plus récents : Matthew Richie, Julia Scher dont Securityland est en développement constant.

nota est le livre d'or où les visiteurs laissent des commentaires; context contient des dossiers d'artistes, c'est une espèce de slide-show qui documente le travail des artistes hors ligne; dans influx , il y a des projets qui considèrent le principe de réseau au-delà de la partition en ligne/hors ligne, et qui travaillent donc en reliant virtualité et réalité. La dimension project regroupe des projets purement web; dans extension, il y a une série de liens hypermédias vers d'autres sites web.


Un "truism", aphorisme de Jenny Holzer: le projet de Jenny Holzer se présente en trois parties.
Il y a une série d'aphorismes et de textes. Les textes se rechargent automatiquement ou peuvent être activées par le visiteur. On peut charger des vidéos courtes qui illustrent les aphorismes. Dans la section "change", les visiteurs sont invités à modifier les aphorismes. Ce nouvel aphorisme est ajouté à la grande liste produite par les autres visiteurs. Des visiteurs ont mis des liens sur la liste, qui la relie à d'autres projets. La 3e partie est le bulletin de vote. On vote pour l'aphorisme ou les aphorismes auquels on croit (ou non!) Ensuite on peut voir les résultats.
Le projet de Keith Tyson, Replicators propose au visiteur de participer à une sculpture monumentale qui sera réalisé par chaque visiteur en suivant des instructions téléchargeables pour construire cette sculpture. Ils devront ensuite envoyer une photo de la sculpture réalisée à partir de ces instructions, ainsi que de nouvelles instructions, une description de leur sculpture fournie par une tierce personne. Chaque fois qu'une nouvelle instruction arrive, elle remplace la précédente. Et ce à quoi on arrive, c'est une sculpture en mosaïque qui évolue de façon constante, en fonction des descriptions qui sont fournies avec l'aléa aussi que des instructions sont dans des langues différentes. Ça donnera un cours différent au projet. La carte du monde indique d'où viennent les instructions.

Chaque fois que l'on travaille avec un nouvel artiste, il ou elle a toujours apporté une vision différente de la façon dont le réseau peut être utilisé. Dans un futur assez proche, on est décidé à travailler avec des romanciers, des poètes, pour essayer de voir comment la page, l'écran d'ordinateur, sans remplacer la page-livre ou la page-papier, pourrait prendre une forme particulière, éventuellement donner un élan littéraire différent, pas seulement en utilisant l'hypertexte, mais tout simplement par la façon dont ça va être mis en ligne. L'idée est donc de collaborer avec des designers qui ont eu l'habitude de travailler avec le web, pour présenter des textes de jeunes auteurs.


Le projet de Lawrence Weiner est parti d'une constatation personnelle que le média qui lui rappelait le plus le web était la radio : on envoie des messages, on se promène dans un environnement, mais on n'a aucune idée de qui ça peut toucher. Il est parti d'un projet qu'il avait fait pour une station de radio à Cologne, il y a quelques années, où il avait diffusé un message au milieu des programmes et pour lequel il a reçu un nombre de réponses incroyables. La radio était inondée de coups de fils. Pour lui, c'était très intéressant, à partir du moment où ça fonctionnait. L'idée a donc été pour lui de travailler avec un logiciel de convivialité puisque le Palace est une interface graphique qui permet à plusieurs individus de se connecter sur une même page et d'engager une discussion en temps réel. Ici, on arrive à un environnement où d'une part on n'est pas repérable -on est habillé d'un carré blanc par-dessus le Smiley- mais chacun peut rajouter, avec la valise d'accessoires, différentes tenues, mais à la base, c'est Smiley. Donc, ce Smiley est recouvert. On arrive là, on s'aperçoit qu'il y a deux personnes qui sont en train de converser. Les utilisateurs mettent longtemps à se rendre compte que cette conversation aura lieu quoi qu'il arrive, parce qu'en fait ce sont deux robots qui parlent ensemble. Son idée, c'est d'avoir une page qui est neutre, qui n'est pas en 3D, qui n'essaie pas de reproduire la réalité comme beaucoup d'autres pages du Palace ou d'autres logiciels du même genre, mais au contraire d'exposer le plus fortement possible l'idée de l'écran plat et d'essayer d'échapper à la métaphore de l'espace virtuel et plutôt d'essayer de réfléchir à ce que ça veut dire l'espace virtuel. Vous voyez qu'il y a deux ellipses, en haut à gauche et en bas. Ce sont des portes d'entrée et ces portes d'entrée sont activées à partir du moment où la personne qui rentre dans le Palace pose des questions. On imagine qu'elle pose des questions à ces deux personnes qui sont là, à ces deux robots, qui ne sont pas forcément repérés comme des robots, et à partir de là, on peut suivre trois trajectoires différentes. Étant donnée la façon dont le Palace fonctionne, il est préférable de s'inscrire pour vraiment participer. Ce que Lawrence Weiner avait réalisé, en regardant d'autres Palace, c'est qu'il y avait une économie très particulière qui allait au-delà des discussions que les gens pouvaient avoir et qui était l'échange de postiches, d'accessoires. Ce qu'il a donc décidé de faire, c'est qu'une fois rentré dans ces différentes trajectoires, on ressorte avec des accessoires très particuliers qu'on ne pourrait pas trouver ailleurs et qui deviennent des instruments d'échange avec d'autres Palaces : chaque Palace diffusant ainsi son esthétique particulière dans d'autres Palaces.

Le projet Arrangements: L'idée de ce projet, c'est d'essayer une nouvelle forme d'engagement du visiteur en l'associant au développement d'un projet, à ses débuts. Il y a une maquette, on peut laisser des commentaires sur la manière dont on souhaiterait que cette maquette évolue, et en fonction de cette évolution, la maquette va devenir un projet à part entière. On enregistre son nom, code, adresse pour participer au projet. Arrangements propose une palette de couleurs, une série d'alphabets. L'idée est de pouvoir associer ces éléments et de construire des phrases sonores et visuelles en même temps. Dans la suite du projet, on pourra enregistrer cette composition, elle sera conservée en fichier consultation. À partir de ces fichiers, on pourra composer quelque chose qui sera jouée dans un espace, il y aura encore une participation des visiteurs en temps réel.



Julia Scher:

Security Land
: Je m'intéresse aux questions de sécurité, aux façons de représenter l'identité sur le web. Je dois me poser des questions sur ce que je dois attendre en tant qu'artiste d'un projet comme äda 'web et contribuer à ce projet. Au début d'äda 'web, une des questions idéologiques que j'ai posée à Benjamin Weil concernait la façon de modeler les questions et éventuellement de faire intervenir des philosophes, des idéologues, avec le but d'arriver à concevoir un site où nous arriverions à comprendre où nous étions et ce que nous faisions. Le projet de Benjamin Weil était d'inviter des artistes à développer des projets qui éventuellement redéfinissent l'art ou la production artistique: la technologie nous permet de nous déplacer et éventuellement de redéfinir un lieu pour faire de l'art.

Projection sur la page Roomy? Don't worry. Roomy rappelle une manière d'être éveillé de l'intérieur, qui dirige le rêve qui va nous permettre de faire un retour en arrière vers la vérité de ce que nous étions. Mon rêve est de défaire un lieu inquiétant, comme Roomy, ce qui m'intéresse c'est de réveiller les gens. Cette diapo "Don't worry, don't worry", où l'on voit le gardien, là dans le lit, placée sur le net, est une manière de dire "Ne vous inquiétez pas", il n'y a pas de danger dans Security land. Dans le passé, dans le fait d'être artiste, il y avait cette idée d'échange de monnaie. L'idée a été de transposer sur le réseau des membranes intelligentes, des choses voyeuristes inquiétantes: la réorientation de la géographie sur le réseau, un endroit juste, contentez-vous de dire non, un lieu de diagnostic, la nouvelle clinique et sa signification, la ferveur éthique et les graphiques du choix, l'explication du choix, l'inégalité de l'information et les effets spéciaux, les perceptions et les réalités du protectionnisme, la diversité des protectionnismes et des styles, volontaires, involontaires, le visage en tant que médiateur de la
ré-utilité automatique: vous pouvez me voir parce que je suis en train de vous regarder, en train de me cacher de vous etc., des systèmes motivationnels, émotionnels, des styles d'immunité, une technologie propre, une écologie de jeu et une écologie de votre réponse, la recherche, le fait de scanner des réseaux hermétiques, notre esprit dévoué au fait d'attraper votre esprit, la surveillance du commerce en temps réel, la dépendance chronique de la supervision, les plaies de surveillance, la surpopulation d'êtres humains, des pratiques de la douleurÉ Une liste d'autres choses auxquelles je pense, lorsque je suis sur le réseau. Voilà le regard qui voit tout (diapo).

Avec Benjamin Weil, nous sommes partis de l'idée de la page d'accueil de la Maison blanche et de la manière dont elle peut être accessible par cette page. ici nous sommes sur le site (diapo). Il y a beaucoup de récits sur cette page. Le titre Security Land vient à la fois de Data land de Negroponte, qui travaillait à cette idée dès les années 60, et de Disney land. Le site principal se trouve en Autriche, mais il est entouré de sites sur lesquels on peut cliquer. La compagnie Safe and secure production présente Security land.


Benjamin Weil:

Cette page est une préfiguration de Security land, une maquette. Il y a des images de travaux que Julia a faits dans différents endroits. Il s'agissait de fondre le principe d'éloignement, de diversité géographique. Au centre, c'est une image prise à Vienne, image de surveillance d'une galerie marchande, sous surveillance.


Julia Scher:

Une part de ce site se trouve dans la suite logique de mon travail antérieur de vidéo et de sculpture. Il est question de problèmes touchant les systèmes, les échecs de système où vous vous perdez complètement. Dans certaines parties de ce site, vous allez vous trouver à l'intérieur d'un lieu dont vous ne pourrez pas vous échapper, où vous serez emprisonné. Le gardien vous conduit, je suis séparée de vous maintenant. "Absence of mercy zone", une zone d'absence;monstration et contrôle; une zone dont vous ne pourrez pas vous échapper. S'il vous plaît, ne partez pas avant que les caméras ne vous aient complètement absorbés. C'est un cri, une supplique, pour que vous collaboriez au système qui essaie de vous contrôler. Une voix d'hôtesse de l'air droguée vous dit ce qu'il faut faire ou ne pas faire, pendant que vous êtes à Security land : "You are the one" À l'intérieur de Security land, vous voyagez à l'intérieur de plusieurs sections. Dans la partie appelée "one house", on peut voir, dans des fenêtres, certains endroits à l'intérieur desquels ont été placées des caméras de surveillance.

Cette année, le projet s'étend au Medialab, dans des lieux où des gens travaillent dans le domaine des technologies. Les rayures noir et rouge font référence au premier endroit où avait été placée une caméra de surveillance, qui était une chambre à New York University. Voici en direct (image) un lieu où a été placée une caméra de surveillance, la métaphore s'étend à l'ensemble du monde (image de la maquette globale). L'un de ces lieux se trouve dans une grande entreprise. C'est une manière de montrer l'Amérique des entreprises, et non un espace privé. Le projet de caméra de surveillance se poursuit encore aujourd'hui, avec un exemple à Fribourg, en utilisant le réseau RNIS. Mais il y a des caméras de surveillance dans toutes sortes d'endroits, y compris dans les toilettes d'un Club à New York, c'est ce que j'appelle "surveillance vaginale". Les sites de surveillance sont consensuels, je n'espionne pas les gens qui ne veulent pas être espionnés. La partie Work in progress avec les visiteurs est assurée par la section Konsent Clinik, clinique du consentement.


Benjamin Weil:

Dans cette section, les visiteurs peuvent laisser des messages et dialoguent entre eux et avec Julia. Dans une phase prochaine, des questionnaires vont être mis en place, des tests pour les visiteurs, pour sensibiliser à l'idée de surveillance, à cette espèce de sentiment double qu'on peut avoir à propos de la surveillance, à la fois sentiment de désir et de rejet, de sécurité et d'insécurité.


Julia Scher:

Mes idées en tant qu'artiste ont à voir avec l'idée d'intrusion fausse ou réelle, et de la prévention de l'intrusion, le fait de se défendre de l'intrusion. Ce site va traiter ce thème, mais pour ce qui est des contacts personnels, c'est un morceau énorme. Il s'agit de mettre en parallèle une architecture physique et une façon d'ordonner le mental et de voir éventuellement ce qui se produit quand les gens rentrent à l'intérieur; le prochain niveau qui est en train d'être construit montrera plus particulièrement l'intrusion d'une manière personnelle.


Benjamin Weil:

La prochaine phase de Konsent Clinik va consister à révéler au visiteur la trace de son passage sur le serveur et lui faire prendre conscience que la surveillance ne fonctionne pas qu'avec la caméra. Il y a toute une technologie qui se développe derrière la navigation sur Internet, qui permet de tracer de manière extrêmement précise le temps que chaque personne passe sur chaque page, d'où elle vient etc. Tout cela va être révélé, et tout ce mécanisme d'acceptation ou de rejet dont elle parle, va être mis en place avec des cheminements différents en fonction des réponses des participants.


Julia Scher:

J'ajoute que j'aime bien jouer avec le fait de rester ambiguë sur la question de savoir si c'est dangereux ou pas. C'est un peu une parodie du monde, mais je ne donne pas de réponse facile. Je suis intéressée par la question de l'espace architectural et le fait qu'une personne représente un lieu et qu'on peut concevoir des échanges de lieux, différentes manières de concevoir l'espace. J'utilise le mot espace, parce que je ne pense pas que le mot réseau soit adapté. Je préfère le mot espace.