'
  +

   
 
 
 
Jeffrey Shaw : Création et diffusion des arts numériques
  Séminaire du 22 janvier 1999 | english version |

----


Intervenant :
Jeffrey Shaw (Résumé en français de l'intervention de Jeffrey Shaw par Martine Bour).
Esquisse d'une synergie entre art et science, l'institut pour les médias visuels du ZKM.
http://www.zkm.de |




Jeffrey Shaw est né en 1944 à Melbourne en Australie. En 1963-64, il étudie l'architecture puis l'histoire de l'art à l'université de Melbourne. En 1965 il part étudier la sculpture à l'académie d'art de la Brera de Milan, puis à la Saint Martin's School of Art de Londres. De 1970 à 80 il est un membre fondateur de l'Eventstructure Research Group. En 1989 il est professeur invité à l'académie d'art de Rotterdam. En 1990, il est professeur invité à la Rietveld Academie d'Amsterdam. Depuis 1991, est directeur de l'Institut des arts visuels du ZKM (centre d'art et de nouvelles technologies) de Karlsruhe. Parmi ses oeuvres et installations les plus connues, il faut citer: Points of View, Amsterdam, 1983; The Narrative Landscape, Amsterdam, 1985; The Legible City (avec Dirck Groeneveld), 1989, présenté à Artifices en 1990; Alice's Rooms, Kawasaki, 1989; The Virtual Museum, Art Frankfurt, 1991; Disappearance, L'Ère binaire, Musée d'Ixelles, Bruxelles, 1992; EVE (Extended Virtual Environment), Multimediale 3, ZKM, Karlsruhe, 1993.




Jeffrey Shaw : Création et diffusion des arts numériques


Le ZKM

L' art se redéfinit continuellement par rapport aux évolutions culturelles. Aujourd'hui, les transformations sont étroitement liées aux évolutions technologiques, il est donc naturel que l'art soit en relation avec la technologie au niveau le plus important de son approche esthétique et conceptuelle. Tel et l'objectif du ZKM : créer un nouvel espace de rencontre entre art science et société. Le projet du ZKM a débuté en 1984. Cette institution publique a finalement ouvert ses portes après plusieurs années de préfiguration, en 1997 à Karlsruhe, dans le Bad Wurtenberg, dans une ancienne usine d'armement.

Cette institution s'articule autour de 4 axes: recherche et développement; production; exposition; enseignement. Elle comporte plusieurs départements: un musée d'art moderne qui relie les formes traditionnelles de l'art à l'art des médias; un musée des médias, de vulgarisation scientifique et technologique; une bibliothèque des médias; un théâtre; un institut de recherche en musique et en acoustique; un institut pour les médias visuels.

Dirigé par Jeffrey Shaw, cet institut se veut être un environnement de production disposant d'une capacité critique, auquel les artistes apportent leurs contributions à l'évolution de notre culture technologique. L'institut s'attache à développer ses activités dans certains secteurs technologiques particulièrement appropriés à des pratiques artistiques et culturelles, c'est-à-dire, la vidéo numérique, les images de synthèse, le multimédia, l'interactivité, la réalité virtuelle et les télécommunications. Des combinaisons toujours plus nombreuses existent entre ces médias technologiques et les arts du spectacle, théâtre, opéra, danse.

On parle beaucoup de la convergence des médias entre eux, mais une nouvelle convergence, une nouvelle synergie devient possible entre art, science et industrie qui stimule et profite à chacun. Les arts médiatiques ont la spécificité d'être des innovations scientifique et technologiques particulières parce qu'elles sont conduites, dirigées par des critères d'ordre esthétique, non pas au sens de beau mais au sens de l'expression la plus élevée de l'intégration technique, esthétique et émotionnelle. Le monde de l'art, les milieux scientifiques et industriels sont surpris par la nouvelle situation provoquée par les arts médiatiques et par leurs implications dans les domaines culturels et sociaux.

C'est donc le rôle du ZKM et de tous les centres qui existent de par le monde de saisir cette opportunité historique et de démontrer les potentialités des arts médiatiques. L'évolution de notre culture technologique repose sur une entreprise économique, sociale et spirituelle. Sans l'art, sans une dimension culturelle sous-jacente, l'évolution de ces technologies va manquer d'un sens profond, d'une orientation. La création d'institutions telles que le ZKM, dans un réseau très ouvert de production et de réflexion sur les arts médiatiques est un maillon essentiel dans la stratégie qui conduit à une évolution des nouvelles technologies parallèlement à celle des nouvelles expériences culturelles.

Jeffrey Shaw aborde son travail personnel qui se concentre sur les enjeux de la virtualité et de l'interactivité. Il présente deux oeuvres récentes:






The Golden Calf (Le Veau d'or)

Cette installation se compose d'un socle sur lequel est posé un écran LCD relié à un ordinateur. Le visiteur saisit l'écran sur lequel il voit l'image virtuelle d'un veau d'or en 3D. L'écran révèle selon les manipulations, un corps virtuel apparemment situé dans un espace réel. En fait le spectateur voit le reflet de l'environnement de l'installation: des photos numérisées ont été mappées sur la peau de l'animal. Dans cette installation, le corps n'est plus un objet physique mais devient le support immatériel d'un processus spécifiquement physique. En manipulant l'écran dans tous les sens, le spectateur joue une sorte de cérémonie dansée autour d'un monument technologique qui fabrique un fantasme presque tangible.



Scénographie pour The Cave



Cette installation permanente a été réalisée en 1997 pour le ICC de Tokyo avec Agnes Hegedüs, Leslie Stuck et Bernd Linterman, comme la première oeuvre réalisée pour le dispositif " the Cave " développée auparavant à l'université de l'Illinois. Des images haute définition générées par ordinateurs sont projetées sur les 3 murs et sur le sol de l'espace du dispositif "the Cave) offrant au spectateur une expérience totalement immersive en réalité virtuelle, d'autant plus que l'immersion et également sonore. Il s'agit d'un discours esthétique et conceptuel sur le thème de la conjonction du corps et de l'espace. En partant d'une approche une forme technologique qui se veut être le reflet de la perception contemporaine de la situation de l'homme dans le monde. Un pantin articulé sert d'interface entre le spectateur et plusieurs représentations allégoriques ou concepts sous une forme visuelle et sonore, telles que le matériel, le langage, le macrocosme, l'association, l'union, la personne et l'émergence.

En conclusion si l'on regarde le développement des médias technologiques, c'est vers le développement de ce qui permet au spectateur d'être actif, en étant immergé dans l'image et le son qui intéresse Jeffrey Shaw. C'est dans la découverte de ces nouveaux espaces auxquels il faut associer aujourd'hui Internet, qu'il souhaite poursuivre ses recherches.