Technologie — Entretiens | Patrick Bellouard | Jean-François Bou |


Patrick Bellouard : Entretien (extraits) avec Andrea Urlberger, le 6 octobre 2005 au ministère de l’Equipement, à Paris La Défense.


En 2005, Patrick Bellouard est délégué interministériel du programme GALILEO.


 


Le fonctionnement du GPS


Patrick Bellouard — Le GPS, au départ, c’est un programme militaire. C’est pour répondre à un besoin du département de la Défense américaine de la force américaine pour la navigation, pour les systèmes d’armes, le guidage des armes. Le département de la Défense américaine a opté pour une dégradation du signal militaire destiné aux applications éventuellement civiles. Ce signal dégradé est fourni gratuitement.

Dans le courant des années 90, les gens se sont rendu compte de l’importance du signal GPS et malgré les imprécisions de l’époque, il y a eu une telle demande des utilisateurs qu’ils ont fait pression sur le département de la Défense américaine pour qu’ils cessent de le dégrader. Donc maintenant, le signal ouvert GPS est pratiquement de même qualité que le signal militaire et, bien entendu, il n’y a pas de garantie de fourniture du signal.

Du jour au lendemain, le département de la Défense américaine peut très bien décider de couper ce signal sans prévenir. Donc, il ne vous garantit pas ce signal, il ne vous fournit pas non plus des informations sur sa qualité. On sait qu’il y a une imprécision de l’ordre de 10 mètres. Mais s’il y a, pour des raisons diverses, une panne d’un satellite ou tout simplement une dégradation du signal, on n’est pas informé. Les militaires américains laissent à disposition, mais ils ne veulent pas savoir ce que les gens en font, ils ne veulent rien garantir. GALILEO, c’est vraiment une autre philosophie.



Le GPS – un instrument militaire


P. B. — Ce qui est sûr, c’est qu’il y a 95 %, — c'est de cet ordre de grandeur —, des armes qui sont guidées. On ne voit plus des tapis de bombes. Toutes les armes sont guidées. Elles ne sont pas toutes guidées avec le GPS, il y a d’autres systèmes de guidage. Il peut y avoir des systèmes de guidage à base d’images, il peut y avoir des radars. Ce qu’il faut savoir, c’est que le GPS est un moyen de guidage qui est assez économique, donc évidemment, il y a une généralisation de l’application de ce système aux armes.

Ça améliore énormément la précision pour un coût très limité.L’idée donc, ça a été de faire un système avant tout civil, contrôlé d’ailleurs par des instances de contrôle civil. En fait c’est l’Union européenne qui organise, qui contrôle ce système, mais qui pourrait avoir des applications gouvernementales à travers un service sécurisé qu’on appelle PRS. Celui-ci est du même type que le signal GPS militaire. L’accès à ce signal sera simplement accessible aux gouvernements autorisés et pour leurs applications propres. Et c’est dans ces applications gouvernementales qu’on envisage des applications militaires. C’est ce que dit clairement la France.