11>16 octobre 2004 à l’académie fratellini

Jouable / Workshops : GPS movies_1, Saint-Denis 2004| GPS movies_2, Saint-Denis 2005



Jouable : GPS movies_1, Saint-Denis 2004

Après "Jouable/Genève" à la Haute école d’arts appliqués de Genève en 2002 et "Jouable/Kyoto" à l’Université Doshisha en 2003, "Jouable/Saint-Denis et Paris" en 2004 débuta par un programme de workshops et de performances à l’académie fratellini et se poursuivit avec l’exposition "Jouable" à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, 31 rue d’Ulm, Paris 5e, du 19 novembre au 4 décembre 2004. À l’académie fratellini, à Saint-Denis, se déroulèrent les aspects expérimentaux de "Jouable". Des artistes-chercheurs animèrent des workshops sur le thème de la jouabilité et du geste interactif. Ils furent également les acteurs de performances intégrant l’interactivité, l’image et le son numériques.

GPS movies_1, Saint-Denis 2004, fut l'un de ces workshops-performance proposé par Daniel Sciboz avec Liliane Terrier et Jean-Noël Lafargue,
et le concours du département Arts plastiques de l’Université Paris 8, de l’Atelier de recherches interactives de l’École nationale supérieure des arts décoratifs, de la Haute école d’arts appliqués de Genève et de l'académie fratellini. Il s'est déroulé du lundi 11 au jeudi 14 octobre 2004 puis a été exposé sous forme d'une installation-projection (prototype de DVD-Rom), vendredi 15 et samedi 16 octobre 2004, dans la manifestation "Double jeu, rencontres autour du numérique et des arts de la piste" à l’académie fratellini.
Le prototype de DVD-Rom a ensuite été montré dans l’exposition "Jouable"
à l’École nationale supérieure des arts décoratifs, du 19 novembre au 4 décembre 2004.
GPS movies_2, Saint-Denis 2005 s'est tenu en juin 2005, avec les mêmes partenaires, sur le territoire de la Plaine Saint-Denis, dans le cadre de l'opération "Re-Jouable".


GPS movies_1, Saint-Denis 2004

Le projet du workshop
est articulé autour de deux objectifs : tester, dans le contexte artistique, les usages des outils de géo-localisation satellitaires (GPS), et réaliser une investigation d'un espace urbain particulier. L'établissement du programme d'exploration et sa relation physique est une première expérience sensorielle et cognitive, documentaire et artistique. Équipées d'un dispositif spécifique, des équipes d'étudiants arpentent dans une série de marches l'espace de la Plaine Saint-Denis, un périmètre en mutation dont la toponymie évoque la mémoire d'anciennes processions (rue de la Procession, Montjoie, rue du Landy). La pièce présentée rend compte de cette expérience. L'usage premier du récepteur GPS (la localisation) est détourné par l'utilisation d'une fonction d'enregistrement à intervalles réguliers de références spatio-temporelles. Cette succession de coordonnées permet la reconstruction d'une trajectoire dans l'espace virtuel et la visualisation de certaines de ses propriétés formelles. À la manière du land art qui s'inscrit au plus loin de l'atelier, les usages artistiques du GPS conduisent hors du laboratoire, affirment des attaches territoriales et sociales et mettent en perspective la déterritorialisation attribuée aux réseaux numériques.

Le prototype de DVD-Rom qui en résulte est une collection de séquences mêlant images de synthèse tridimensionnelles et vidéos, qui alternent selon un montage dont le principe est basé sur certaines données du GPS (position, orientation, vitesse). Un jeu se crée dans les transitions d'une forme de représentation à l'autre. Le paysage arpenté est donné à voir sous la forme d'une cartographie hybride, image du déplacement physique et indices du lieu traversé par
données gps et séquences vidéo, organisées en séquences-promenades. Il en résultera un prototype de DVD-Rom (19 novembre) qui donnera à voir le paysage traversé en un dyptique dynamique : la carte globale mouvante en images de synthèse animées construites à partir des points GPS, synchronisée aux séquences vidéo par webcam correspondantes.


Participants au workshop


Jean, Marie, Léa, Julie à l'académie fratellini: étudiants en arts plastiques de l'Université Paris 8. Autres participants: étudiants de l’Atelier de recherches interactives de l’École nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad-Paris 8) et personnes extérieures (jeunes architectes).





Technique de réalisation


Porte-bébé bricolé, ordinateur portable Macintosh G4, récepteur GPS Garmin Geko 201, webcam Apple iSight, logiciels Director (langage Lingo), TrackThemColors et DirectCommunication (Xtras).



Vidéos en dyptique

Montage parallèle des données vidéo et des données spatio-temporelles d'un même lieu au même moment, ces dernières détectables sur la carte dynamique en 3D de chaque promenade. Les données vidéo sont enregistrées par l'ordinateur au même titre que les données spatio-temporelles par le GPS.

GPS Movies [Saint-Denis 2004] from Dz on Vimeo.
Extrait : Le marché de Saint-Denis


GPS Movies [Saint-Denis 2004] from Dz on Vimeo.
Dispositif d'enregistrement simultané vidéo/GPS


Photogrammes


Promenade sur la rue du Landy


Promenade sous l'autoroute A1


Performance Fluxus avec Ben Patterson, Université Paris 8


Périmètre du terrain vague


Éléments de bilan du workshop

Quinze personnes ont assisté à l’atelier et participé à la plupart des expériences proposées. Leur bagage académique et artistique était relativement varié : étudiants en arts, mais aussi chercheurs et artistes confirmés ou architectes indépendants. Tous avaient en commun un intérêt à la fois pour l’espace et son exploration et pour les nouvelles technologies. Il est indéniable que la technologie de positionnement GPS, relativement nouvelle et désormais utilisée aussi dans le domaine artistique, a suscité curiosité et intérêt. La diversité des participants a contribué à rendre variées les promenades exploratoires, les lieux choisis reflétant ainsi des intérêts particuliers pour un endroit, une atmosphère ou une rencontre.

L’intérêt des participants n’a pas faibli durant la semaine et leur régularité a largement contribué à la réussite de l’atelier. Leur nombre relativement élevé a toutefois nécessité une organisation particulière, rendant accessible pour tous les dispositifs d’enregistrement. La liberté d’approche dans la conduite du workshop a notamment permis de prendre en main la technologie GPS, d’en tester aussi certaines limites (utilisation en extérieur, synchronisation avec d’autres types de médias) et d’entrevoir ainsi les possibilités d’une utilisation dans le cadre d’une recherche artistique. De nombreuses questions ont été posées, techniques (fonctionnement du positionnement satellitaire), et théoriques (les implications de cette technologie en relation à la cartographie, la surveillance et de liberté individuelle notamment).

Sur un ensemble de 40 séquences (représentant environ 4 heures d’images), 28 ont été retenues, retraçant une douzaine de promenades différentes. Celles-ci ont amené les participants sur des lieux aussi divers que: l’atelier d’un artiste (chez Thomas Hirschorn en compagnie d’Anne Cauquelin); les abords du Canal de Saint-Denis; certains non-lieux caractéristiques de la Plaine Saint-Denis (un pont d’autoroute, les abattoirs d’Aubervilliers, vers le carrefour Pleyel, un terrain vague); le site de l’académie fratellini; le quartier de la Chapelle et une friche industrielle ou sont aménagés des jardins éphémères (EcoBox); ou les couloirs de l’université Paris 8 (pour une performance-promenade de l’artiste Ben Patterson).

Initialement pensé dans une forme plus homogène, centrée sur le lieu même de la Plaine Saint-Denis et le thème des anciennes processions qui traversaient cette zone, l’objectif de l’atelier s’est enrichi de l’apport des uns et des autres. Suite à une discussion préparatoire, le choix des parcours a été laissé au libre choix des participants et les premiers échanges ont été consacrés à une prise en main de la technologie réunissant dans un dispositif portatif le récepteur GPS, une caméra miniature et un ordinateur portable.

Cette option très claire de liberté quand au choix des lieux et des moments de promenade était risquée en terme de résultat artistique. Elle s’est avérée positive pour le déroulement de l’atelier, évitant un certain hermétisme et permettant aussi aux participants de s’approprier la thématique. Il ne s’agissait en effet pas de tendre à une étude territoriale objective, mais, de proposer une performance collective «hors les murs» du laboratoire s’inspirant de l’esprit du Land Art ou de la dérive urbaine. Le paysage extrêmement vaste et varié de Saint-Denis et ses environs, s’est révélé dans des déambulations libres, laissant elles-mêmes émerger des moments de contemplation et de questionnement, modifiant ainsi la perception du lieu traversé.

Un temps de travail en atelier pour la post-production et la synchronisation des films sur la base de données GPS était nécessaire à la réalisation dans les délais de la pièce projetée en fin de semaine à l’Académie Fratellini (prototype de DVD-Rom). Ces périodes ont permis d’expérimenter la manipulation de techniques plus traditionnelles de la production numérique (montage, programmation). Elles ont également vu la visite de groupes de lycéens à qui les artistes et les participants ont pu donner quelques explications sur le workshop et proposer occasionnellement des démonstrations techniques.

Durant le temps de l’exposition dans l'académie fratellini (vendredi 16 et samedi 17 octobre 2004), la projection de GPS movies_1 (malgré ses imperfections et son caractère «work-in-progress» assumé) a suscité un intérêt important du public. La représentation simultanée de la promenade, à la fois en images vidéo et sous la forme d’images de synthèse 3D a permis de mettre en lumière la familiarité du grand public face à l’image vidéo et sa relative perplexité face au caractère «objectif» des images tridimensionnelles issues du signal GPS. L’exposition en elle-même a donc également été un moment-clé de la semaine, riche de discussions et d’échanges entre étudiants, artistes et public et techniciens.

La mise sur pied du workshop à l’académie fratellini a permis l’acquisition d’un matériel de base mis à disposition des étudiants pour des expériences futures, et un transfert de compétences technologiques liées à l’utilisation du système GPS dans un contexte artistique. Le travail artistique s’est concrétisé dans la réalisation de la pièce présentée à l’exposition "Jouable 3", du 19 novembre au 4 décembre 2004 à l’ENSAD. Des échanges ont été établis avec d’autres artistes et acteurs culturels (Atelier d’architecture autogérée, étudiants en architecture de l’université de Sheffield). La collaboration entre Paris 8, l'Ensad et la Haute école d’arts appliqués de Genève se prolongera avec GPS Movies_2, en juin 2005. Daniel Sciboz, février 2005.


Biographie de Daniel Sciboz

1995 Obtention du diplôme fédéral de Design graphique. Prix Swiss Graphic Designers. 1996–2002 Stage professionnel à Londres. Graphiste pour divers bureaux de design en Suisse, notamment Atelier Roger Pfund à Genève et Weiersmüller Bosshard Grüninger WBG à Zürich. Séjour de six mois à Dakar, Sénégal. Depuis 2002 Professeur de typographie à l’Ecole d’art de La Chaux-de-Fonds. Etudes postgrade Nouveaux médias à Genève. Semestre d’études théoriques sur l’urbanisme et les systèmes d’orientation à la HEAB de Berne. Bourse Ikea-Stiftung Schweiz. 2004 Obtention du diplôme postrade de la Haute école d'arts appliqués HES de Genève. Présentation d’une série d’essais interactifs confrontant la technologie GPS et la vidéo numérique. Animation d’un premier atelier/performance à Saint-Denis. Exposition de GPS-Movies durant Jouable 3 à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs de Paris. 2005 Ateliers autour du GPS à l’Ecole d’arts visuels de Bienne et à l’ENSAD. Réalisation d’un second GPS-Movies à Saint-Denis.

Production : "Jouable 3/Workshops et performances"; académie fratellini; postgrade Nouveaux médias, HEAA, Genève; laboratoire Esthétique de l’interactivité, Ciren, Université Paris 8, Saint-Denis.

académie fratellini des arts du cirque, Rue des cheminots, 93200 Saint-Denis
RER D Stade de France — Métro ligne 13 Saint-Denis - Porte de Paris