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Conclusion

"Le trait comme ligne de conduite", ce titre m’est venu de mon apprentissage du dessin, c’est une expression assez forte, mais c'était spontané, pas vraiment un concept. La maîtrise m'a obligé à faire le tour de la question, mais ça reste énigmatique, en cours de développement. Je constate que j’ai essayé, dans des périodes différentes, beaucoup de techniques, beaucoup de styles. Ça fait comme des vagues, ça change tout le temps. Dans la partie "archives", 600 images, c’est impressionnant. Je suis entré dans la logique d’un bilan qui est ici un travail de maîtrise. Le sous-titre , "interrogation d’une pratique du dessin" signifie cette tentative. Est-ce que c’était vraiment utile de mettre des dessins d’enfant et d’adolescent ? Finalement oui, car, si beaucoup de choses ne me plaisent plus, ces archives me permettent d’exercer un jugement critique et aussi de reprendre certaines choses. Le style "dessin d'enfant", et mes propres dessins d'enfants, m'inspirent aujourd'hui de nouveau, avec une distance intéressante, sans la naïveté, par exemple avec le tag, les cahiers personnels récents.

Mon projet était aussi d'interroger le rapport texte/image. Mais cette question s'est révélée très difficile, très théorique. Je dis que j'aime les dictionnaires, je m’intéresse au sens des mots. Je vois mes dessins comme des mots. Par exemple mes dessins d'enfant "verbes" sont une solution pour des images qui fonctionnent comme des mots. Quand le texte devient image, je parle de texte-écriture, de pictogramme. Texte et image vont pour moi ensemble, avec des fonctions distinctes mais complémentaires. Quand je fais un dessin, j’écris toujours.

Dans ce mémoire, j'insiste beaucoup sur les formes. Les choses nouvelles m'intéressent, la nouveauté pour elle-même est une motivation. De quoi parlent tout ces dessins ? Ce sont des coups de gueule, des états d’âme, des impressions, des slogans. Les gens jugent ça sale spontané, brut, instinctif, romantique. On peut trouver ça exagérément narcissique. Je maintiens une constance à dessiner. C'est vrai que cette pratique a un caractère autobiographique. C'est dans l'idée de "ligne de conduite".

Les travaux récents se partagent néanmoins entre des choses personnelles, des cahiers avec texte et image, plus poétiques, et des choses qui vont vers l’illustration, le graphisme. L'expression personnelle peut aussi être urbaine et publique, mais rester très personnelle, même si c'est de l'ordre de la provocation. J'aime le dessin qui sert à quelque chose, à destination de la presse, d’un milieu. Du côté de ce qui est plutôt de la commande, je suis intéressé, par exemple, par la recherche de la bonne image pour une musique. Le graphisme de “cash for beats” reprend des éléments du style punk, photos durcies, surcharges typographiques floues, mais il rentre en résonance avec un certain style de musique qui est nouveau. Je cherche ainsi une capacité du dessin et du graphisme à intervenir dans un événement, à se canaliser dans un style et dans un usage. Pour les réalisations promotionnelles, je puise mon inspiration dans ma pratique personnelle. Des fragments de créations personnelles sont réintégrés dans le contexte d’un usage presque commercial. C'est le cas pour la série des "rapstars" qui a été publiée comme illustration d'un article de magazine sur la culture hip-hop. Dans ce cas précis, j'ai trouvé le style spontanément dans mon activité quotidienne du dessin. J’ai trouvé les images réalistes des visages en recopiant des photos, puis je les ai collées sur des petits corps, dans la tradition des caricatures, mais en évoquant aussi les "art-toys", jouets japonais. On peut recycler le vocabulaire populaire ou même vulgaire.

Le dessin à la main, malgré la fréquentation des machines, reste incomparable, essentiel. Ce qui ne veut pas dire que je ne souhaite pas avancer encore dans l'usages des médias. Ce mémoire est fait à la fois sur papier et sous forme de site Web. C'est le site qui est imprimé. J'expérimente ainsi le système des liens que permettent les pages Web. Une lecture hypertextuelle peut créer des significations inattendues et donner une dimension théorique qui n'est pas directement développée, compenser dans une certaine mesure les manques de la rédaction. Une telle expérimentation des pages Web représente aussi pour moi une perspective professionnelle.