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Le trait comme ligne de conduite
Interrogation d'une pratique du dessin


Introduction

Faire une maîtrise en arts plastiques est pour moi l’occasion d’un état de mes préoccupations, de mes motivations et de ma production. Dans la diversité des pratiques et des projets, je cherche à dégager des caractéristiques et à expliciter une ligne. Une telle interrogation, qui porte sur une période se confondant avec mon existence, va permettre de confirmer l’intuition, qu’en fin de compte, ma pratique est la recherche et l’affirmation d’une ligne de conduite.

Le mot trait désigne pour moi non seulement le trait de crayon (ou de pinceau, de feutre, etc.) mais tout ce qui relève d’un tracé, d’une trace, d’un geste. En ce sens, composer un son, prendre une photo ou une séquence vidéo, sont aussi des traits. C’est pourquoi je parle globalement d’une pratique du dessin qui se révèle autobiographique.

Le trait est ce qui est caractéristique, particulier, propre à une circonstance et à un projet. La ligne n’est pas préexistante. Elle est une résultante, même si elle peut être reconnue ensuite comme principe directeur et développée. La ligne est un mouvement. Le trait, la ligne, sont le moyen d’une inscription. Inscription dans l’espace quotidien, mais aussi dans le moment, l’époque. Un moyen d’intervention critique dans la réalité.

Passer des traits à la ligne, on le fait dans le dessin, l’image. C’est ce qu’on fait aussi dans le texte. C’est précisément cette rencontre entre le visible et le lisible, cette expression où langage et image non seulement se croisent mais tendent à se confondre, qui m’ont porté à parler de ligne.


Le mémoire comporte trois parties.

La première partie est réflexive et théorique. Elle vise d’abord à produire une interrogation de ma propre pratique du dessin. Elle expose un ensemble de questions, amorce des réponses, soulève de nouvelles interrogations. Elle rassemble ensuite une série de références d’ordre historique, philosophique et théorique dans une sorte d’abécédaire de références commentées sous l’angle des notions de trait et de ligne, de la relation texte-image dans les pratiques artistiques et des exemples d’artistes qui m’ont inspiré. Les références sont le résultat de rencontres et de notes de lectures, de souvenirs, d’affinités parfois anciennes avec certains artistes. De la succession d’éléments séparés, nécessairement fragmentaires et arbitraires on cherche à dégager des liens, des lignes conceptuelles.

Le deuxième partie est axée sur ma pratique récente, mais aussi ancienne. Elle prend radicalement l’option de la collecte et de la publication d’archives, la forme d’un inventaire classé, par supports, fonctions et techniques. De cette accumulation, on escompte que se dégagent les propositions thématiques et stylistiques et, finalement, ce qu’on nomme ligne de conduite utile pour le présent et pour le futur. Les légendes et commentaires soulignent les circonstances, les liens entre les travaux et font écho aux interrogations et références présentées dans la première partie.

La troisième partie fait se rejoindre théorie et pratique, à partir d’investigations de deux ordres. D’une part une série de planches, associant un texte à des photographies d’objets graphiques, exposent des observations opérées dans l’espace urbain. Ces planches tendent donc à mettre en œuvre, dans une forme originale, certaines questions théoriques repérées plus haut. D’autre part, une série d’entretiens avec de jeunes praticiens choisis parmi mes connaissances, permettent d’observer d’autres réponses à mes propres interrogations, en ouvrant sur d’autres perspectives. Ici aussi la forme choisie, celle de l’entretien vidéo, est une façon d’interroger la relation texte-image.