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Signes urbains, août - septembre 2005
10 planches

Cette petite enquête vise à produire des planches associant textes et images, tout en contribuant à observer, précisément, le caractère d’image que prennent les mots dans l’espace urbain. Dans la perspective d’une vérification et d’un développement des idées formulées dans mon étude, j’ai choisi de saisir par la photographie des éléments rencontrés dans la rue et, simultanément, de penser le commentaire qu’ils m’inspirent. Cette démarche, le relevé de traits concrètement inscrits, ajoutés à l’environnement, et dont on imagine aussi les auteurs, représente pour moi la potentialité d’une série qui pourrait être très longue. Une telle série, réalisée ici rapidement et dans un temps volontairement court, pourrait traverser la ville, se prolonger comme une marche portée par le projet de découvrir et de collecter, tout en produisant un objet graphique, une archive ouverte au commentaire actuel.

Affiches
Ces affiches déchirées font penser à des peintures abstraites du 20ème siècle.
Ces déchirures sont-elles le fruit du hasard ?
En tout cas elles forment malgré elles des motifs.
C’est une composition qui découle du chaos, d’une violence urbaine.
Cette composition est le résultat d’un acte de vandalisme ou autre.
Comme le graffiti elle puise sa beauté dans l’agressivité et l’insulte.
Un symbole lucratif est transformé en œuvre d’art brut, sauvage et singulier.
Photo d’affiches déchirées prise au métro Nation. Paris, août 2005.

Flop
Dans le jargon du graffiti, ceci est appelé flop ou throw-up (sorte de graff esquissé rapidement souvent de forme ronde). Les flops sont l’intermédiaire entre le tag et le graff. Les flops sont une forme simplifiée du graff (le graff est plus élaboré : relief, effets de plusieurs couleurs). Ils sont en général faits très rapidement (dans l’urgence) car exposés à la rue, contrairement aux graffs ou fresques réalisés en terrain vague ou dans des lieux plus cachés. Les flops sont intéressants par leur spontanéité. La création de flops exige une rapidité et une dextérité à toute épreuve. On parle alors de lettres “bubbles” (comme des bulles). Ce style à été emprunté par les tagueurs new yorkais à un artiste de bande dessinées des années 70 du nom de Vaughn Bodé. Les premiers graffiteurs s’inspiraient d’images de leur quotidien comme ce genre de b.d. Les deux personnages : de gauche à droite, Lizzard & Cheech Wizard sont devenus par la suite des figures emblématiques du graffiti international.
Vaughn Bodé, Cheech Wizard, 1975, aux éditions Fantagraphics Books.
Photo prise à Paris 20e, août 2005. À gauche : flop de Stesi, à droite : tag de Delbone.

Meushay
Ces graffitis sont des exemples de la réappropriation de l’espace urbain comme forme artistique personnelle (ici par Meushay). Ces dessins représentent des visages proches de l’abstraction. Les bandes blanches servent de socle, de point de départ (elles peuvent aussi être perçues comme une bouche complétant le visage). Ce genre de création se démarque du mouvement graffiti par son originalité et sa démarche.
Photos de graffitis sur le sol prises Cours de Vincennes à Paris, août 2005. Artiste : Meushay.

Goblin
Ce tag est un exemple de ce que l’on appelle le “one-line”, tag en un seul trait ou enchaînement. Cet ensemble de boucles forme le mot G-O-B-L-I-N. Ce tag s’inscrit sur un immeuble délabré dont les portes ont été murées. Ce lieu désaffecté, est un endroit propice au graffiti. Les tags sont comme des parasites, des germes qui s’emparent d’une structure morte, vouée à la déchéance…
Photo prise à Paris 20e. Août 2005. Tag de Goblin.

Teug
Ce tag a une apparence grotesque, voire maladroite. C’est un effet de style, l’auteur a cherché délibérément à faire couler son trait. Cette tendance est appelée « vandal » ou « dirty ». Plus ça coule, plus c’est sale et mieux c’est. Les lettres sont séparées et rectangulaires. Sur la photo de droite (un détail de ce même tag) on peut voir des similitudes avec la calligraphie chinoise, le trait rappelle celui d’un caractère à l’encre de Chine. Le mouvement du tracé se fait ressentir très nettement avec des temps de pose aux extrémités qui font des empattements.
Photos prises à Paris 20e. Août 2005. Tag de Teug.

25 rue Keller
Cette porte correspond au numéro 25 de la rue Keller à Paris. Ces pochoirs rappellent le travail d’Andy Warhol (par la répétition d’un motif dans diverses couleurs). Un numéro de rue est transformé en tableau de pop art, encore une fois pour se démarquer des normes imposées par la ville.
Pochoirs sur une porte photographiés à Paris 11e. Août 2005.

Ypso-Ox
Ce graffiti est fait avec des bandes de chantier collées sur le sol. Phénomène intéressant dans le monde du graffiti, ce sont les matériaux de signalétique qui sont récupérés, peut-être pour mieux se fondre dans le décor. Ce tag se rapproche de l’architecture (comme des traits de constructions) ou de la peinture abstraite (Malevitch, Burren, Dubuffet).
Photo prise rue de la Roquette, Paris 11e. Septembre 2005.

Gothique (Faust ?)
Pour les taggers, les stickers sont un moyen moins risqué pour s’inscrire dans le paysage urbain. Ceux-là sont clairement d’inspiration gothique. L’ornement bleu des étiquettes (d’origine) renforce le coté médiéval des tags. Ces stickers sont comme des écussons chevaleresques, des blasons.
Stickers photographiés rue de la Roquette, Paris 11e. Septembre 2005.

Popey
Le détournement d’images connues du public est fréquent dans le graffiti, comme pour interpeller les gens dans leur subconscient, ici avec le lapin de Playboy. Encore une répétition. Cette étiquette est un prélèvement opéré comme sur une tapisserie, une signature qui a toutes les caractéristiques d’une grande marque.
Photos prises à Montreuil. Août 2005. Sticker de Popey.

Readymade
Cet objet insolite déposé sur le trottoir rappelle le readymade de Marcel Duchamp. Un objet mis hors de son contexte initial prend une valeur artistique (subversive).
Photo prise rue de Montreuil, Paris 11e. Août 2005.



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