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Fischli et Weiss


Peter Fischli David Weiss, Der Lauf der Dinge, 1987

Der Lauf der Dinge (1987) est un film (30 minutes) qui permet d’assister à un enchaînement d’événements physiques, mécaniques, chimiques, une suite d’équilibres rompus et de dégagements d’énergie relançant sans cesse les choses. Sacs en plastique, bouteilles, chariots, plans inclinés, ressorts, pneus, liquides inflammables, acides, etc., toutes sortes d’objets et de matériaux communs, comme trouvés sur des décharges, se mettent tour à tour en action, parfois lentement, souvent violemment, avec des mouvements et des bruits comiques, dans une sorte de chute de dominos.
Diverses analyses, diverses visions peuvent s’attacher à cette œuvre qui garde une grande actualité et constitue, près de vingt ans après sa présentation à la Documenta de Kassel, une référence pour les jeunes artistes de diverses disciplines. Sa diffusion en DVD en est une raison. Mais il y a aussi un attrait du bricolage, du commentaire critique sur la technologie, et aussi une reconnaissance de la métaphore à la fois ironique et tragique de l’enchaînement inéluctable des événements. On peut y voir une mise en scène de la notion philosophique de relation causale (1) :
Cette chaîne "d’événements tous prévisibles puisque préparés pour l’être", […] "n’est plus simplement un bric-à-brac d’objets. Il s’agit aussi d’un bric-à-brac de relations qui, quoique fort diverses, sont toutes des variétés de la relation causale." On peut y voir une image de la culpabilité et de l’innocence, de l’alliance inévitable entre bourreaux et victimes, les objets "victimes" devenant les "coupables" de nouveaux crimes et de nouvelles catastrophes (c’est ce qu’en disait le chanteur Stephan Eicher dans une émission de télévision diffusée sur Arte). On peut y repérer encore une figure de l’interrelation, de l’interactivité. Ce film est à la fois une installation, une espèce de sculpture en mouvement et un film, avec sa linéarité mais aussi son montage. Les artistes ont effet trouvé le moyen de faire des transitions entre séquences, le tournage étant nécessairement fait de séquences distinctes. Des fondus-enchaînés placés sur des moments où la caméra cadre des surfaces de fumées et de liquides font de Der Lauf der Dinge un continuum apparent, la restitution d’un "temps réel". L’installation de Fischli et Weiss est une performance, un "théâtre" avec ses acteurs, son argument, sa dramaturgie. Le partage et l’articulation que nous proposons entre traits et ligne peuvent sans doute s’appliquer à ce film. Chaque objet ou assemblage d’objets du film peut être vu comme un trait, au sens d’une fabrication qui a sa particularité. D’un ensemble de gestes singuliers émerge une histoire qui a son unité et sa logique. L’enchaînement, l’événement répété et discontinu qui trouve une continuité dans le temps peut être vu comme une ligne. Qui plus est, une ligne comportementale, une ligne de conduite. 1. Daniel Soutif, "Der Lauf der Dinge ou la causalité sauvage" catalogue Peter Fischli David Weiss, Paris, Centre Pompidou, 1992, pp. 23-24.

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