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Pollock, Jackson


Jackson Pollock produisant une toile par dripping et all-over | Francis Alys : coulure au sol de la galerie, 2003

De Jackson Pollock (1912-1956), on retient d'abord la pratique du
all-over, terme employé pour désigner ses peintures exécutées dans les années 40. Le all-over correspond à une répartition uniforme des éléments picturaux sur toute la surface du tableau, qui semble se prolonger au-delà des bords. Il y a donc un effet de cadrage, non pas le cadre qui sert à construire une perspective ou à organiser une vue, mais un cadre qui coupe directement dans le geste, dans la ligne.

Cette forme de structuration du chaos par la seule surface est associée, chez Pollock, à la technique du
dripping. L'artiste déroule la toile sur le sol et, au lieu d'utiliser directement un pinceau, il déplace des bidons de peinture percés de façon à produire des coulures. Il peut aussi produire ces traces avec la peinture coulant d'un bâton ou d'un pinceau. Un parallèle peut être fait avec les lignes aléatoires produites, dans un tout autre registre, par les Stoppages étalons de Marcel Duchamp.

Plus encore que la reproduction de ses peintures, ce sont les photographies et les films montrant Pollock en action qui aura contribué à son impact. La peinture de Pollock est aujourd'hui tellement connue, au moins dans ce principe du dripping, que la vision que l'on a des coulures naturelles que l'on croise dans la rue ou dans la nature est transformée. Elle a rendu sensible, en l'isolant et et en l'exaspérant, la relation gestuelle et corporelle qui se joue dans l'acte du peintre et qui est donc inscrite dans le tableau. Ceci était vrai depuis longtemps avec la notion de touche du peintre, mais, au XXe siècle, la peinture est devenu une performance. Picasso s'est fait filmer en train d'exécuter un tableau. On connaît aussi des photographies Man Ray "peignant" avec une lampe agitée devant l'appareil photo (
light writting).

L'artiste Francis Alÿs, a produit, avec The Leak, 1995-2000, une expérience comparable : il a tracé par dripping une ligne qui marque son itinéraire, passant de l'ascenseur à la rue, etc.
The Leak a été "exposée" en 2003 au Musée d'art moderne de la ville de Paris, dans l'exposition "Déplacements" : une fine coulée de peinture descendait le long des marches et s'échappait dans la ville, marquant, au sens propre, la migration des activités de l'ARC, vers son nouveau lieu (le Couvent des cordeliers). On note enfin aujourd'hui, dans les rues de Paris, une pratique du tag qui relève du dripping : la ligne est produite par une coulure sur le sol avec une peinture blanche.


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