Entretien 01 avec Jérémie
[Jérémie, diplômé en architecture, est étudiant en arts plastiques à Paris 8, dessinateur.]
Q. : Paul Klee a dit : Kein Tag ohne Linie : pas un jour sans ligne. Qu'en penses-tu ?
Jérémie : Il faut garder la ligne.
Q. : Quelles sont vos références artistiques au sens large ?
Jérémie : J'aime beaucoup les précurseurs de l'art contemporain. J'aime Marcel Duchamp, j'aime sa démarche provocatrice. J'aime les situationnistes, mais c'est plus tard. En art, j'aime les casseurs...
Q. : Le pop art par exemple ?
Jérémie : J'aime leurs réalisations, mais je n'aime pas leur côté 'marchandising', de starifier la bouteille de coca par exemple à la fois en tant qu'objet artistique, et par contre coup en tant qu'objet ordinaire. Duchamp tentait de casser les règles académiques de l'art, Warhol les rétablit. Esthétiquement, je trouve ça intéressant.
Q. : Les institutions font la distinction entre l'art appliqué et l'art des galeries, qu'est-ce qui différencie ces deux milieux?
Jérémie : Celui qui expose en galerie gagne sa vie, ce qui l'oblige à avoir une démarche en fonction de la galerie, de l'attente du public. C'est intéressant de se donner des règles comme ça, contrairement à l'art appliqué, qui, selon moi, est plus simple. Le mieux, quand on est jeune, c'est de faire ce qu'on veut au maximum et de se développer personnellement et si une ouverture se dessine du côté d'une galerie, d'y aller. Mais, je n'aime pas le côté mercantile de l'art en galerie...
Q. : Quelle est la différence entre les graphistes et les artistes de galerie ?
Jérémie : Les graphistes sont des employés, on les contacte, ils répondent à une commande précise. Les artistes de galerie font un travail qui est orienté pour être vendu, mais ils sont plus libres, ils essaient de créer quelque chose de vraiment personnel, mais pour être vendu. La démarche des artistes est un peu plus "hypocrite"que celle des graphistes. Les graphistes n'ont pas de telles prétentions d'expression personnelle. Mais aujourd'hui, de plus en plus de graphistes pénètrent dans le milieu de l'art contemporain qui les a "attrapés". Les dessins de Crumb sont vendus très cher. Dans la dernière exposition Draw d'Agnes b., en avril-mai 2005, sur le mur d'exposition, les dessins d'artistes contemporains étaient mêlées aux dessins de graphistes qui acquièrent ainsi le statut d'artiste contemporain. Nous-mêmes, en tant que personnes qui faisons du graf, en tout cas issus de ce "truc-là", on est plus orienté vers le graphisme, mais en même temps, c'est une démarche tellement personnelle que ça ne peut pas être autre chose que de l'art. Je finirai là-dessus.
Lien vers http://www.galeriedujour.com/gdj/exposition/index.html
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