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Archive Les archives, le lieu où l'on collecte et où l'on conserve des documents, impliquent un certain travail à venir. Cette accumulation pose problème car elle suppose un travail futur dont on ne sait rien a priori. On dépouille des archives, on consulte des archives. En art on peut contempler mais aussi lire, consulter. C'est une position modeste mais active que l'on peut avoir aussi avec les archives. Mettre en archives donne aux choses à la fois une solidité à venir et une certaine distance par rapport aux circonstances qui les ont créées. Ordinairement, on parle d’archives, au pluriel. Les dictionnaires de langue ne donnent pas le mot archive au singulier. Michel Foucault, comme d’autre philosophes ou historiens (Derrida, Deleuze), parle d’archive. Il s’agit alors d’un concept qui s'articule à son opposé : le présent, l'actuel. Pour ces philosophes, on peut concevoir une attitude qui allie archive et expérience actuelle. "Dans tout dispositif, il faut distinguer ce que nous sommes (ce que nous ne sommes déjà plus), et ce que nous sommes en train de devenir : la part de l’histoire, et la part de l’actuel" (1) écrit Gilles Deleuze, à propos de Michel Foucault. Dans le travail qui est conduit ici, ce que l'on désigne par ligne de conduite peut être rapporté à la fois à la notion d'archive et à la notion d'actuel. Si la ligne est ce qui se trace derrière nous, on peut aussi retenir l’idée d’une ligne assimilée à ce qui est nouveau au sens de ce qui est actuel. C'est aussi ce qui se dessine devant nous. C'est un usage de la cartographie, à la fois garder une trace de son itinéraire et consulter la carte. Il est intéressant de souligner que Deleuze donne à l’un de ses textes consacrés à Foucault le titre "La vie comme œuvre d’art" (2). Deleuze écrit encore : "Le nouveau, c’est l’actuel. L’actuel n’est pas ce que nous sommes, mais plutôt ce que nous devenons, ce que nous sommes en train de devenir, c’est à dire l’Autre, notre devenir-autre." Avec une telle recherche de la nouveauté des lignes, "démêler les lignes du passé récent et celles du futur proches : la part de l’archive et celle de l’actuel, la part de l’histoire et celle du devenir", on peut "non pas prédire, mais être attentif à l’inconnu qui frappe à la porte." Deleuze peut alors résumer la méthode de Foucault, à la fois archiver et cartographier, en disant : "Les différentes lignes d’un dispositif se répartissent en deux groupes, lignes de stratification ou de sédimentation, lignes d’actualisation ou de créativité." (3) 1. Gilles Deleuze, "Qu’est-ce qu’un dispositif ?", Michel Foucault philosophe, Paris, Seuil, 1989, p. 190-191. 2. Gilles Deleuze, Pourparlers, Paris, Minuit, 1990, p. 129-138. 3. "Qu’est-ce qu’un dispositif ?" p. 192	Abécédaire Archive Basquiat Baselitz Beard Ben Conduite Crumb Diana Dotremont Duchamp Écriture chinoise Fishli et Weiss Graffiti Inscription Interrogation Klee Kruger Ligne Michaux Miller Pollock Shitao Trait