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Beard, Peter

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01. 02. Peter Beard, Diaries

Né à New York en 1938 le photographe Peter Beard s'installe en 1961 au Kenya, non loin de la ferme de la romancière danoise Karen Blixen (Auteur de Out of Africa) qui inspirera fortement son œuvre et sa passion pour l'Afrique. Mondain familier à New York d'Andy Warhol, ami et modèle du peintre Francis Bacon, baroudeur passant de l'univers de la mode à la savane africaine, Peter Beard nous intéresse par sa pratique du collage et du journal considéré comme l'archivage de son existence. Il explore les relations qui lient l'homme au monde animal et de témoigne de la violence des conditions naturelles mais aussi des ravages causés par l'homme.

Mais l'œuvre principale de Peter Beard se situe dans un objet unique et obsessionnel : son journal, une entreprise unique dans l'histoire de l'art contemporain. On trouve chez lui, comme chez d’autres artistes et écrivains, l’idée de faire de sa propre vie une œuvre d’art. Pour Christian Caujolle (1), "Les "diaries" de Peter Beard sont fascinants, beaux, imprévisibles, généreux, comme la prise de risque absolu du dévoilement de soi-même pour soi-même. Le contraire d’une thérapie puisqu’il s’agit d’affirmer simplement qu’il était, à l’instant où il composait les pages du jour, l’exact reflet de ce qu’il inscrivait, collait, raturait, mettait en pages sur le papier des forts albums qui accumulaient les expériences de son existence."

Son journal monumental, commencé dès 1949 (à l’âge de 11 ans, pendant ses vacances et sur les conseils de sa mère), associe, sur des milliers et des milliers de pages, photographies collées, coupées, déchirées, rehaussées de dessins, documents de toute nature : coupures de presse, étiquettes, billets, emballages, traces de sang imprimées par ses pieds ou ses mains. C’est un enchevêtrement de textes manuscrits aux calligraphies énergiques, aux mises en page fluctuantes. L'encre de chine noire mais aussi brune, rouge, verte ou bleue donne une écriture serrée, difficile à déchiffrer, mais qui s'impose comme un flux, une pulsion de vie talonnée par la mort, mort inscrite par le sang et les photos de cadavre d’animaux.

La rage de produire des pages, la nécessité d’inscrire le moment et la matière visible, de saisir une empreinte dans l’urgence, est bien ce qu’il y a de "photographique" dans son œuvre, plus que le document photographique lui-même. D’ailleurs, dans sa longue préparation et son exécution dans l’instant, l’acte photographique peut être compris comme un geste calligraphique. Nous retrouvons donc chez Peter Beard l’expérience d’un trait qui est l’expression du temps et de l'espace et qui va vers une accumulation et une ligne de conduite.

1. Peter Beard, Introduction par Christian Caujolle, Photopoche, Paris, Nathan, 1997
Lien : http://www.photoeye.com/booktease/AE015/page0.html



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