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Inscription

La notion d’inscription est liée au trait puisqu’il s’agit d’une trace, d’une gravure, d’un texte. C’est une notion commune au texte et au dessin, mais aussi à l’espace et au temps. Une inscription peut être une devise, une légende, un titre. Le graffiti est une inscription (un tag, c'est à dire une signature). Inscription pour transmettre une information, conserver, évoquer un souvenir, indiquer une destination. Inscription d’un nom gravé sur une table, sur un arbre. Ce peut être une signature. Un appareil enregistreur inscrit la courbe des pressions. L'écran du terminal d'ordinateur, l'imprimante inscrit les informations demandées.
On parle ainsi d’inscription dans la mémoire d'une personne. C’est aussi ce qui attache ce mot au monument. Les monuments portent souvent des inscriptions, et un monument est ce qui garde la mémoire : inscriptions d'un cartouche, d'un phylactère, inscriptions hiéroglyphiques. On dit d’un archéologue qu’il cherche à déchiffrer des inscriptions. L’inscription est aussi une courte indication écrite destinée à informer le public, à renseigner.
Il est intéressant de noter que l’inscription c’est la chose tracée, mais que c’est aussi l’action, l’action d'inscrire. On inscrit un numéro de téléphone, quelqu’un sur une liste — on dit alors simplement que la personne est inscrite. S’inscrire est souvent une obligation, une démarche administrative et juridique : "je vais m’inscrire" dit un étudiant. On inscrit une question à l'ordre du jour.
En géométrie, s'inscrire correspond, pour une figure, à se placer à l’intérieur d’un périmètre ou d’un volume en le touchant mais sans dépasser. Inscription confirme ainsi sa signification du respect des formes, des règles.
La notion d’inscription nous intéresse parce qu’elle rapporte le geste du tracé, dessin, écriture, signature, graffiti, dans un contexte particulier. Il n’y a pas d’inscription sans lieu. Inscrire c’est aussi une façon de faire rentrer, de faire tenir quelque chose, une représentation, des signes, dans une forme et dans un support, dans un cadre. Inscrire c’est une manière de décrire, de représenter.
Jean-François Chevrier citant le photographe Robert Doisneau (1), dit que photographier est une réponse au "besoin d’inscrire". On sait que Robert Doisneau a étudié la gravure à l’École Estienne et qu’il a souffert de l’académisme et du manque de liberté que représentait cette discipline. Inscrire par la photographie est pour lui une manière d’assumer son apprentissage tout en le détournant. L’inscription est, pour un photographe, une façon de se confronter au réel, de le capter, tout en le faisant entrer dans un cadre subjectif.
Dans l’histoire de l’art, inscrire évoque le readymade :
"Préciser les readymades : En projetant pour un moment à venir (tel jour, telle date, telle minute) "d'inscrire un readymade". — Le readymade pourra ensuite être cherché (avec tous délais). L'important alors est donc cet horlogisme, cet instantané, comme un discours prononcé à l'occasion de n'importe quoi mais à telle heure. C'est une sorte de rendez-vous 
— Inscrire naturellement cette date, heure, minute, sur le ready made comme renseignements."(2)
Par cette note à propos du Grand Verre, Marcel Duchamp considère que le readymade est inscription : il renvoie à ses conditions d'exposition et il est la trace d'un événement, il désigne quelque chose, comme un index dit Rosalind Krauss (3).

1. Jean-François Chevrier, Robert Doisneau, Paris, Belfond, 1983, p. 88.
2. Marcel Duchamp, Duchamp du signe, Paris, Flammarion, 1994, p.49.
3. Rosalind Krauss, "Marcel Duchamp ou le champ imaginaire", Le Photographique, Paris, Macula, 1990, p. 71-88.



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